EVENTS AND NEWS
9 January 2014, from 17.00 to 19.00 - Conference
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Soufis hindous et yogis musulmans
Séminaire ‘Sociétés, politiques et cultures du monde iranien’ - UMR 7528 'Mondes iranien et indien'
Séance du 9 Janvier 2014, 17h-19h: « Soufis hindous et yogis musulmans »
Catherine Servan-Schreiber, CNRS - CEIAS, EHESS, « Itinéraires et répertoires du Bhartrihari panth de l'Inde du Nord: la formation d'un groupe musulman de yogis »
Lorsqu’on lit les deux chefs d’œuvre de la littérature soufie indienne composés en avadhi, La Candayan de Mulla Daud en 1379, et La Padmavat de Jayasi, en 1545, on s’aperçoit de l’extrême connaissance des buts, principes et règles de la secte shivaïte des Nath par les membres de la confrérie Chishti. En témoigne notamment le Jogi khand (Passage relatif au jogi), de la Candayan de Mulla Daud. A l’inverse, le rayonnement des saints soufis de l’Inde du Nord ne fut pas indifférent aux Nath. Ainsi, deux ascètes shivaïtes Nath du Gorakhpanth avaient-ils demandé à être enterrés auprès de la tombe du grand saint soufi Sharaf-udin Yahia Maneri, à Biharsharif, au 14e siècle, lui-même représentant de la confrérie Firdausi. Bien que des passerelles aient pu être permises, entre ces deux courants mystiques, par l’intermédiaire des khanaqah (hospices soufis), ouverts à toutes les confessions, et par les grands débats instaurés et arbitrés par les saints sufis eux-mêmes entre ascètes des deux religions, ou avec leurs propres fidèles, à la période médiévale, sur la question de l’acculturation, (cf. les travaux de Sayyid Hassan Askari, et de Paul Jackson), il revient aux Bhartrihari Jogi de la secte de Gorakhnath d’avoir incarné et propagé cette tradition de mixité. Après avoir rappelé les principaux travaux qui ont documenté ce champ de recherche (R. Stuart Mac Grégor, Charlotte Vaudeville, Simon Digby, G.W. Briggs, Véronique Bouiller, Jackie Assayag, Edward O Henri, Ann Gold, etc.), on verra comment la reconstitution de la tournée annuelle de ces ascètes itinérants, en Inde et au Népal, et le contenu des textes qu’ils propagent, à travers leur tradition de récits chantés, éclairent la question de la formation de groupes musulmans de yogis.
Michel Boivin, CNRS - CEIAS, EHESS, « Sā’īn Rochaldās (1879-1957) et les traditions jahāniyya et shahbāziyya en Inde : pour une relecture des relations entre soufisme et hindouisme »
Les traditions soufies du Sindh sont marquées par le régionalisme qui s’exprime par l’existence de branches fortement ‘vernacularisées’ et relativement indépendantes des grandes ṭarīqas du sous-continent indien. Cette situation permettait aux soufis de faire usage de plusieurs référents soufis. C’était par exemple le cas de Quṭub `Alī Shāh (1810-1910), un soufi installé à Hyderabad (Sindh) qui cumulait les héritages de la Sohrawardiyya jahāniyya et de la Qalandariyya shahbāziyya. L’un de ses principaux disciples fut un hindou, Sā’īn Rochaldās (1879-1957), qui émigra en 1947 en Inde et finit par fonder un darbār à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Bombay, à Ulhasnagar. Cette intervention s’articulera autour de deux questionnements centraux: comment un hindou a-t-il pu devenir un soufi ? Et comment cet héritage soufi a-t-il évolué dans l’Inde indépendante ? En d’autres termes, il s’agira d’analyser comment la double référence à la Sohrawardiyya à la Qalandariyya s’est imbriquée dans un dispositif religieux dominé par l’hindouisme à travers l’étude de trois corpus : un corpus mystique, un corpus spéculatif et un corpus rituel.
Organisateurs: Denis Hermann (CNRS), Fabrizio Speziale (Sorbonne Nouvelle – CNRS), Julien Thorez (CNRS).
Location and info
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, centre Censier, 13 rue de Santeuil, salle Las Vergnas (3e étage), 75005, Paris.